Portraits des membres

Sastal Castro Zavala

Dirigée par Geneviève Lessard

  • Thème: Une perspective intersectionnelle sur l’intervention en violence conjugale auprès des femmes immigrantes : les pratiques des intervenantes en maison d’hébergement du Québec
  • Objectif général: À partir de la théorie intersectionnelle, explorer les manières dont les intervenantes des maisons d’hébergement du Québec analysent et interviennent en violence conjugale auprès des femmes immigrantes en considérant les réalités vécues par ces femmes.
  • Objectifs spécifiques:
    • Comprendre le point de vue des intervenantes sur la réalité vécue par les femmes immigrantes victimes de violence conjugale, les besoins spécifiques qu’elles perçoivent chez celles-ci et les facteurs de vulnérabilité auxquels elles sont confrontées;
    • Analyser les objectifs et la nature des pratiques des intervenantes en maison d’hébergement en relation aux facteurs de vulnérabilité – liées aux sources d’oppression et de privilège — qu’elles intègrent dans leur intervention afin de répondre aux besoins des femmes immigrantes victimes de violence conjugale;
    • Identifier les facteurs qui influencent la relation d’aide et une intervention qui considère l’entrecroisement des facteurs liés aux sources d’oppression/privilège;
    • Cerner les particularités de l’intervention en violence conjugale auprès des femmes immigrantes et évaluer la pertinence de l’utilisation de l’approche intersectionnelle dans l’analyse et l’intervention auprès de ces femmes.
  • Un aperçu de la problématique: Les recherches faites dans différents pays montrent que la violence conjugale touche toutes les femmes sans distinction d’appartenance culturelle, de niveau socioéconomique, de religion ou de pays d’origine (García-Moreno, Jansen, Ellsberg, Heise et Watts, 2006; Johnson, Ollus et Nevala, 2008). Cependant, certaines auteures considèrent que pour les immigrantes, le changement du contexte social peut complexifier les oppressions en diminuant leur capacité de faire face à la violence conjugale (Menjivar et Salcido, 2002; Pearce et Sokoloff, 2013). En effet, certains résultats de recherches montrent que les femmes immigrantes peuvent vivre des défis supplémentaires liés au contexte d’immigration, telles la méconnaissance de la langue(s) officielle(s), la méconnaissance des droits et des services et la difficulté d’accès aux services en raison d’un statut d’immigration précaire. Ces difficultés compliquent leur demande d’aide et leur sortie d’une relation de violence (Alaggia, Regehr et Rishchynski, 2009; Bhuyan et Smith-Carrier, 2010; Côté, Kérisit et Côté, 2001; Erez, Adelman et Gregory, 2009; Miedema et Wachholz, 1998; Pearce et Sokoloff, 2013). Le fait de demander de l’aide peut impliquer de grands risques, qui vont au-delà des représailles de l’agresseur, telles que l’expulsion du pays et la perte de la garde de ses enfants. Certaines femmes immigrantes, surtout celles avec un statut d’immigration précaire, en plus de vivre les effets de la domination masculine, peuvent se trouver dans une position d’exclusion sociale, ne pas avoir les mêmes droits et l’accès à certains programmes et services par rapport les femmes du pays d’accueil.
  • Méthodologie envisagée: Cette étude privilégie une approche qualitative et de type exploratoire. La collecte de données a été réalisée de novembre 2012 à avril 2013 par le biais d’entretien de groupes focalisés semi-directifs. Un guide d’entrevue et une vignette clinique ont été élaborés avec l’aide d’expertes. Un échantillon typique a été créé incluant 33 intervenantes qui travaillent au sein d’une maison d’hébergement dans l’une ou l’autre des régions suivantes: Montréal, Québec, Sherbrooke ou Gatineau. Ces régions présentent les plus hauts taux pourcentages des immigrants du Québec (Gouvernement du Québec, 2009).
  • Retombées attendues: Cette recherche contribuera à la construction d’un corpus de connaissances qui aide à comprendre la complexité du problème de la violence conjugale en contexte d’immigration et qui apporte des éléments pour permettre le développement d’interventions mieux adaptées aux réalités des populations concernées. Le développement des connaissances sur les réponses des intervenantes pourra aider à identifier celles qui selon les intervenantes peuvent être favorables ou défavorables pour répondre aux besoins des femmes immigrantes. En plus, les résultats de cette recherche participeront à l’avancement des connaissances sur la façon avec le féminisme intersectionnel peut être appliqué, d’un point de vue empirique, dans l’analyse et l’intervention en violence conjugale auprès des femmes immigrantes.

Accéder à la thèse de Sastal intitulé "Une perspective intersectionnelle sur l'intervention en violence conjugale auprès des femmes immigrantes: les pratiques des intervenantes en maison d'hébergement du Québec"

Références

Alaggia, R., Regehr, C. et Rishchynski, G. (2009). Intimate partner violence and immigration laws in Canada: how far have we come? International Journal of Law and Psychiatry, 32, 335-341.doi:10.1016/j.ijlp.2009.09.001.

Bhuyan, R. et Smith-Carrier, T. (2010). Le statut migratoire précaire au Canada. Conséquences pour le travail social et la prestation de services sociaux. Travail social canadien, 12(2), 57- 67.

Côte, A., Kérisit, M. et Côté, M.-L. (2001). Qui prend pays...L’impact du parrainage sur les droits à l’égalité des femmes immigrantes. Ottawa, Ontario: Condition féminine Canada.

Erez, E., Adelman, M. et Gregory, C. (2009). Intersections of immigration and Domestic Violence: voices of battered immigrant women. Feminist criminology, 4(1), 32-56. doi: 10.1177/1557085108325413.

Garcia-Moreno, C., Jansen, H., Ellsberg, M., Heise, L. et Watts, C. (2006). Prevalence of intimate partner violence: findings from the WHO multi-country study on women’s health and domestic violence. Lancet, 368, 1260-1269

Gouvernement du Québec. (2009). Population immigrée recensée au Québec et dans les régions en 2006 : caractéristiques générales. Recensement de 2006. Données ethnoculturelles. Ministère de l’immigration et des communautés ethnoculturels.

Johnson, H., Ollus, N. et Nevala, S. (2008). Violence Against Women. New York, NY : Springer.

Menjivar, C. et Salcido, O. (2002). Immigrant women and domestic violence: Common experiences in different countries. Gender and Society, 16(6), 898-920. doi: 10.1177/089124302237894.

Miedema, B. et Wachholz, S. (1998). Une toile complexe: l'accès au système de justice pour les femmes immigrantes victimes de violence au Nouveau-Brunswick. Ottawa, Ontario: Condition Féminine Canada.

Pearce, S. C. et Sokoloff, N. J. (2013). "This should not be happening in this country” Private-life violence and immigration intersections in a U.S Gateway city. Sociological forum, 28(4), 784-810. doi: 10.1111/socf.12052.

Sastal Castro Zavala

Étudiante au doctorat en service social
Université Laval
sastal.castro-zavala.1@ulaval.ca