Portraits des membres

Odrée Blondin

Dirigée par Frédéric Ouellet

Boursière Trajetvi

Maîtrise en criminologie obtenue en 2016

  • Thème: Les trajectoires de femmes victimes de violence conjugale: les facteurs qui expliquent la dynamique des violences à travers le temps
  • Objectif général: L’objectif général de ce mémoire est de mieux comprendre les trajectoires de victimes de violence conjugale.
  • Objectifs spécifiques:
    • Examiner les facteurs individuels, relationnels et contextuels qui influencent l’occurrence de la violence physique à l’intérieur des trajectoires de violence conjugale;

    •  Examiner les facteurs individuels, relationnels et contextuels qui influencent les variations à court terme de la violence physique à l’intérieure des trajectoires de violence conjugale;

    • Comparer l’apport des facteurs individuels et relationnels aux facteurs contextuels examinés précédemment dans l’explication de l’occurrence de la violence physique.

  • Aperçu de la problématique: Depuis la fin des années quatre-vingt, la violence conjugale au Canada n’est plus considérée comme une problématique qui relève du domaine de la vie privée, mais est abordée comme un problème d’ordre public. Depuis, un grand nombre de recherches sur le sujet issu de plusieurs domaines ont été effectuées afin d’évaluer son ampleur. Il est aujourd’hui reconnu que la violence envers les femmes dans un contexte conjugal n’est pas un phénomène rare et l’intérêt de mieux comprendre cette victimisation est grandissant (Johnson, 2008). Une dimension centrale de la violence conjugale au cœur des préoccupations est l’occurrence de la violence. Contrairement à d’autres types de victimisation, les victimes de violences conjugales sont davantage à risque que les incidents violents se reproduisent dans le temps (Piquero, Brame, Fagan et Moffit, 2006). D’ailleurs, le caractère récurrent de la violence est un critère reconnu par la Politique d’intervention en matière de violence conjugale conçue en 1986 et révisée en 1995 par les ministères de la Justice et du Solliciteur général (Québec, 1995). Les sondages de victimisation ont démontré qu’il n’est pas rare que les victimes subissent plusieurs agressions physiques au courant d’une relation amoureuse et que celles-ci peuvent se poursuivre après la séparation (Statistique Canada, 2013).
    Nous savons que les épisodes de violences conjugales impliquent une interaction entre deux individus, ils s’inscrivent dans un contexte, dans une histoire de vie et ils sont sujets à plusieurs changements à travers le temps. Or, ces différents changements sont très peu documentés de manière quantitative et les études actuelles laissent peu de place aux nuances et aux différences individuelles. On s’est très peu intéressé aux facteurs susceptibles d’influencer la nature des épisodes de violences à travers le temps. Par exemple, la manière dont l’historique de vie et les circonstances immédiates peuvent influencer l’occurrence de la violence physique à travers le temps. Dans le contexte canadien, autant les données officielles issues des autorités policières, judiciaires et pénales que les sondages de victimisation ne permettent pas de tenir compte de la complexité de chaque situation de violence conjugale. L’étude quantitative des trajectoires de violence conjugale est au cœur de ce projet de recherche. À partir d’entrevues menées auprès de victime de violence conjugale, ce projet vise à examiner les facteurs individuels et contextuels qui influencent l’occurrence de la violence physique au sein d’une relation conjugale et les variations à court terme.
  • Méthodologie envisagée: Les données utilisées dans cette étude ont été colligées dans le cadre d’un projet de recherche financé par le Conseil de Recherches en Sciences Humaines et affilié au regroupement TRAJETVI. Le questionnaire fut élaboré par deux professeurs de l’école de criminologie et il est conforme aux règles et exigences du Comité d'éthique de la recherche de la Faculté des arts et sciences de l'Université de Montréal. Les entretiens ont été réalisés entre juin 2014 et juillet 2015 auprès de 55 femmes victimes de violence conjugale. Les femmes interviewées lors de cette étude ont été victimes d'au moins une forme de violence conjugale (violence économique, psychologique, physique et sexuelle) au cours des trois dernières années et sont âgées de 18 ans et plus. Les participantes ont été référées par plusieurs organismes à travers le Québec soit les maisons d’hébergement, les services d’aide aux victimes, les services correctionnels, les organismes communautaires et les maisons de thérapie. Un échantillon populationnel fut rejoint à l’aide d’affiches, publicités et autres moyens connexes. Cette stratégie vise à diversifier autant que possible les trajectoires de violence conjugale. Cette recherche est sensible à la réalité particulière des victimes qui résident à l’extérieur de Montréal et des agglomérations. L’échantillon comprend des victimes venant plusieurs régions du Québec telles que Trois-Rivières, Sainte-Marie-de-Beauce, Saint-Georges, Joliette, Sainte-Hyacinthe, Sorel et Sainte-Thérèse afin de mieux comprendre cette réalité. Ce mémoire est basé sur les données rétrospectives qui retracent les trajectoires individuelles de femmes qui ont vécu de la violence dans une relation intime au cours des 36 derniers mois. Afin de reproduire avec le plus de précision les trajectoires de violence conjugale, celles-ci ont été reconstruites en utilisant la méthode des calendriers d’histoire de la vie; une méthode qui a fait ses preuves dans la compréhension des carrières criminelles et des victimisations. L’utilisation de la modélisation multiniveaux comme stratégie d’analyse sera privilégié dans cette étude. Combiné avec le calendrier d’histoire de vie, ce type de modèle permet d’examiner les changements au sein des trajectoires individuelles de développement (Dupéré, Lacourse, Vitaro et Tremblay, 2007). De plus, ce modèle permet d’examiner conjointement des variables fixes et des variables qui varient dans le temps et déterminer quelle proportion de la variance de la variable dépendante peut être attribuée à chacun des niveaux de variables indépendantes (Dupéré et al., 2007; Yoshima et Bybee, 2011).
  • Retombées attendues: Le projet permettra de développer de nouvelles connaissances empiriques sur la violence conjugale puisqu’il offre un nouveau regard (la trajectoire) et qu’il s’intéresse à de nouvelles questions (p. ex. les facteurs individuels ou contextuels qui peuvent influencer la trajectoire ou les épisodes de violence). Il permettra entre autres de compléter les études sur le cycle de la victimisation, de vérifier si les choix et les décisions de la victime ont une incidence sur la dynamique des violences conjugales, et d’observer les effets de certaines mesures (l’arrestation du conjoint violent) ou certains services (les maisons d’hébergement) destinés aux victimes de violence conjugale. La compréhension des trajectoires et des changements qui y surviennent est fondamentale à l’élaboration de programmes de prévention efficaces. Les connaissances acquises dans ce projet pourraient permettre de formuler des réponses adaptées à la diversité des problématiques en violence conjugale et d’offrir des solutions aux victimes de violence conjugale qui sont plus efficaces eu égard aux types de violences auxquelles elles font face et au contexte qui entourent leur victimisation. Dans un contexte où les ressources p sont limitées, il importe d’améliorer les connaissances afin de déterminer la meilleure façon d’agir et le projet de mémoire proposé représente très certainement un pas dans cette direction.

Fiche synthèse de son mémoire

Consulter le mémoire d'Odrée intitulé "Les trajectoires de femmes victimes de violence conjugale : les facteurs qui expliquent la dynamique de la violence physique à travers le temps".

Références

Dupéré, V., Lacourse, E., Vitaro, F. et Tremblay R. E. (2007). Méthodes d’analyse du changement fondées sur la trajectoire de développement individuelle : modèles de régression mixtes paramétrique et non paramétrique. Bulletin de Méthodologie Sociologique, 97, 1-28.

Gouvernement du Québec. (1995). Prévenir, dépister, contrer la violence conjugale. Politique d’intervention en matière de violence conjugale. Répéré à http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2000/00-807/95-842.pdf.

Johnson, M. P. (2008). A typology of domestic violence: intimate terrorism, violence resistance and situational couple violence. Lebanon, NH : Northeastern University Press.

Piquero, A. R., Brame, R., Fagan, J. et Moffitt, T. E. (2006). Assessing the offending activity of criminal domestic violence suspects: offense specialization, escalation, and de-escalation evidence from the spouse assault replication program. Public Health Reports, 121, 409-418.

Yoshihama, M. et Bybee, D. (2011). The Life History Calendar Method and Multilevel Modeling: Application to Research on Intimate Partner Violence. Violence Against Women, 17(3), 295-308.

Odrée Blondin

Étudiante à la maîtrise en criminologie
Université de Montréal
odree.blondin@umontreal.ca